Œuvres d'art et statues dans la ville
Lourdes - la peinture murale de l’église paroissiale
par Stanislas Bender
Cette page a été réalisée avec l’aide précieuse de M. Pierre Dadé-Brenjot que nous
remercions.
A l’intérieur de l’église paroissiale (haut de la ville de Lourdes) se trouve une
peinture murale de 4m x 4m. Elle est située dans une des chapelles latérales de l’église
: la chapelle Sainte-Bernadette. Cette œuvre (et son histoire) mérite d’être connue.
Cette peinture intitulée « L’extase de Bernadette » a été exécutée en 1945. L’apparition
de la Vierge est représentée sous forme d’un rayon de lumière, ce qui donne un message
universel. Sous la peinture se trouve une sculpture de Bernadette réalisée par notre
célèbre sculpteur Firmin Michelet.
L’auteur de la peinture murale est Stanislas Bender. On trouve une signature en bas
à gauche. Celle-ci a été grossièrement apposée a posteriori sur l'originale. En effet,
lors de la restauration Françoise Pawlak-Authier a relevé au moment du diagnostic
et avant le nettoyage la présence de retouches antérieures maladroites et non datées
(peut-être des années 1970).
Une convention tripartite ( mairie - paroisse - association diocésaine) a été votée
à l'unanimité du conseil municipal du 25 juin 2012 : a) La mairie a fourni l’éclairage,
l’échafaudage et l'aide de ses services techniques, b) La paroisse a été présente
constamment : l'abbé Duhar a mobilisé les paroissiens et Mme Hourné, secrétaire a
assuré avec gentillesse le secrétariat de cette opération de souscription, c) L'association
diocésaine a offert la possibilité rapide de récolter les fonds et de fournir les
justificatifs fiscaux aux donateurs. Remerciements également à M. Guistiniani, directeur
des Archives départementales de Hautes-Pyrénées, qui a permis, en fournissant des
sources administratives, de bien comprendre le contexte historique dans lequel s'est
joué le destin de la famille Bender.
Stanislas Bender a 63 ans lorsqu’il peint « L’extase de Bernadette ». Le portrait
ci-contre a été réalisé en 1947 par sa fille Marylka, à peu près au même moment.
Stanislas Bender et sa famille avaient trouvé refuge à Lourdes en 1940. Pour remercier
les Lourdais et les autorités religieuses, qui ont sauvé leur fille lors de la rafle
du 26 août 1942, Bender exécuta cette oeuvre monumentale (Voir l’histoire détaillée
un peu plus bas sur cette page). Malheureusement la peinture s’est peu à peu dégradée
avec le temps et sous l’impulsion de Pierre Dadé-Brenjot et Mirose Ringeval, une
souscription est lancée pour la restauration de l’œuvre. Celle-ci sera assurée en
2013 par Mme Françoise Pawlak-Authier et sa fille Genovefa Pawlak.
On voit bien sur ces anciens clichés la dégradation de l’œuvre.
Françoise Pawlak-Authier au travail.
Fin de la restauration, mise en place de l’éclairage.
L’inauguration - le 8 septembre 2013
Voici la photo parue dans La Dépêche du Midi le 11 septembre 2013 :
Au premier rang de l’église paroissiale, se trouvent de nombreuses personnalités
locales dont le maire, ses conseillers municipaux, les conseillers généraux Josette
Bourdeu et José Marthe, ainsi que des membres de l’opposition municipale.
« Nous allons découvrir une œuvre lumineuse », a évoqué Jean-Pierre Artiganave, le
Maire de Lourdes, suite à la messe. Cette toile reprend “L’Extase de Bernadette”.
« On peut y voir un rayon de lumière, une allusion à la liberté », indique le maire.
À cette occasion, le consul de Pologne à Toulouse a fait le déplacement, excusant
l’absence du ministre polonais. Il a tenu à remercier la générosité des 200 donateurs.
Avec le maire et le curé, ils se sont ensuite rendus dans la chapelle Sainte-Bernadette.
Les mains les unes sur les autres, ils ont actionné un bouton, déclenchant les lumières
autour de la fresque. Plus que jamais, l’œuvre de Stanislas Bender a rayonné. S.
C.
Une image pieuse avait été éditée par les Editions de la Paroisse. Elle est intitulée
« Une des apparitions » par Stanislas Bender.
Marylka Bender est la fille de Stanislas Bender. Elle avait 33 ans quand elle avait
été arrêtée lors de la rafle de 1942. A cause de son grand âge (104 ans au moment
de l’inauguration), elle n’a pu être présente. Elle a toutefois envoyé une lettre,
lue par le Maire de Lourdes :
« Mesdames, Messieurs, Permettez-moi de me présenter : je suis la fille de l’artiste
peintre Stanislas Bender, auteur du tableau mural dans l’Eglise Paroissiale de Lourdes.
En 1945, aussitôt après la fin de la guerre, mon père avait peint ce tableau pour
remercier la communauté de Lourdes de son aide humanitaire, compréhensive et efficace,
dans une période dangereuse pour beaucoup de monde. 70 ans se sont écoulés depuis,
deux jeunes générations ont remplacé celles qui ont connu les heures sombres du temps
de guerre. Depuis ce temps, le tableau a souffert de différents malaises. Il doit
son rajeunissement à celles et ceux, qui dans un très jeune âge ont vu et entendu
parler d’un tableau dans leur église, qu’un Monsieur avait peint pour remercier leur
ville de son soutien durant une période dangereuse. Donc, intéressés depuis leur
jeunesse à l’histoire de leur ville, c’est grâce à leur initiative, comme à la générosité
publique, tout comme au talent de l’artiste Mme Françoise Pawlak que nous arrivons
aujourd’hui à fêter la restauration d’une œuvre dont l’origine était une profonde
reconnaissance à Lourdes. Etant trop âgée pour pouvoir venir auprès de vous, je suis
pourtant heureuse d’assister à votre fête par lettre, à la place de mon père, et
d’y participer aussi par mon très personnel MERCI. Marilka Kellerer-Bender - Septembre
2013 »
L’EXTASE DE BERNADETTE, PAR STANISLAS BENDER (1882 - 1975). Cette peinture murale
a été exécutée en 1945 par Stanislas Bender, né à Lodz, Pologne. Peintre lithographe,
paysagiste, illustrateur de la vie juive, concepteur d’affiches publicitaire, Stanislas
Bender exerce son art à Lodz, à Munich, puis à Paris. Quelques musées européens exposent
ses œuvres. L’histoire de ce mur peint est liée aux heures sombres, mais aussi libératrices,
de la Deuxième Guerre Mondiale. Fuyant la persécution antisémite nazie, Stanislas
Bender et sa fille Marylka s’installent à Paris dans les années 1930. Après l’exode
de juin 1940, ils trouvent refuge à Lourdes. Bien que cachés par des familles lourdaises,
ensemble ou séparément, la politique antijuive de l’Etat français ne tarde pas à
les mettre en danger. Arrêtée lors de la rafle du 26 août 1942, au cours de laquelle
17 personnes sur 58 pourchassées seront déportées, Marylka Bender est soustraite
au convoi par la préfecture, grâce à une intervention des autorités ecclésiastiques.
Le père et la fille resteront à Lourdes, hébergés clandestinement jusqu’à la fin
de la guerre, bénéficiant de la solidarité de lourdais et du soutien de l’Eglise.
En 1945, Stanislas Bender réalise cette œuvre comme remerciement, avec le soutien
gracieux de l’entreprise du père de René Fontan (1924-2012,peintre amateur qui recevra
à cette occasion sa formation artistique La nature des pigments utilisés en cette
période de pénurie nature a précipité la dégradation . Dès 2009, la paroisse du Sacré-Cœur
et la mairie de Lourdes envisagent sa restauration. Cette dernière sera réalisée
par Françoise Authié -Pawlak et sa fille Genovefa Pawlak en 2013, grâce à une souscription
qui a réuni deux cents donateurs. Stanislas Bender retourne vivre à Munich dans les
années 1960 et y décède en 1975. Sa fille Marylka Bender-Kellerer a résidé après
la guerre à Paris, puis à Munich, où elle vit toujours, âgée de 104 ans. Œuvre restaurée,
inaugurée le 8 septembre 2013 par : Monsieur l’abbé Jean-François Duhar, curé de
Lourdes et Mgr Nicolas Brouwet, évêque de Tarbes et Lourdes.
Un autre texte, également très intéressant, est affiché sur la droite de l’œuvre,
le voici :
Stanislas Bender a réalisé de nombreuses œuvres. Certaines sont dans des musées,
d’autres illustraient des cartes postales :
Une partie du travail de Bender représente des scènes de la vie juive :
La jeune fille du ghetto est une huile peinte de 1915, esquisse préalable d'une autre
toile. Elle se trouve actuellement exposée au musée juif de Munich (St-Jakobs-Platz
16) où Stanislas Bender a droit à un panneau d'exposition.
Les mères respectives de Pierre Dadé-Brenjot et Mirose Ringeval leur parlaient de
ce peintre lorsqu’ils étaient enfants. Bender a réalisé après guerre un portrait
(sanguine) de la cousine de Pierre et certaines familles de Lourdes disposent sans
doute d'œuvres.
Marylka Bender a dit que son père, qui a surtout représenté la vie juive, des portraits
et des paysages, a réalisé une toile sur le marché des animaux à Lourdes (certainement
la place du Champ commun). Si vous connaissez des œuvres de Bender à Lourdes, merci
de nous contacter (loucrup@orange.fr)
A ses débuts, Bender travaillait comme lithographe faisant la peinture seulement
occasionnellement. Ses tableaux ont attiré l’attention des milieux artistiques de
Lodz ce qui lui a permis de partir pour Paris où il a étudié à l’Académie Julian
puis à Munich chez Peter Halm et Ludwig Herterich. Il traitait les sujets sociaux
(le tableau les sans-abris), et à thème juifs (les tableaux Torah, Simhat-Torah,
Etrog et lulav). Parmi les tableaux connus (nombreux sont disparus pendant la guerre)
l’un des plus intéressants est le tableau Sauvetage de la Torah (passé en vente chez
Sotheby’s New York en 1990) qui rappelle Le drapeau noir de Samuel Hirszenberg. En
1906 l’artiste est revenu à Lodz, puis s’est installé à Munich. En 1921 il a participé
à une exposition de l’art juif à Lodz, il est revenu à cette occasion encore à Lodz
où il a réalisé des commandes pour les industriels de la ville (Source des informations
: MAHJ Musée d'art et d'histoire du judaïsme 71 rue du Temple 75003 Paris, qui possède
un dessin de Bender dans les collections).
En janvier 2014, Marylka Bender âgée de 104 ans, nous quittait. Elle s'est éteinte
à son domicile après une brève hospitalisation. Mirose Ringeval et Pierre Dadé-Brenjot
avaient eu l'occasion de la rencontrer à nouveau début octobre 2013 à Munich pour
lui montrer des photos et évoquer la restauration du mur peint réalisé par son père
et la cérémonie d'inauguration du 8 septembre. C'est grâce à Barbara Hugues, enseignante
à Munich, qu'en 2010 un premier contact avait pu être établi avec la fille du peintre
qui a largement contribué au financement des travaux. Elle fut jusqu’au bout une
femme pleine d’humour et de projets. A la demande des amis de son quartier, elle
a été inhumée dans le beau petit cimetière de Friedhof Neuhausen.